Les biomarqueurs de la maladie d’Alzheimer (MA) présents dans le liquide céphalorachidien (LCR) (Tau-total, phospho-Tau, Aβ42et Aβ40) ont un rôle diagnostic important pour discriminer la maladie à corps de Lewy (MCL) de la MA particulièrement aux stades précoces.
En 2013 a débuté un programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) interrégional dont l’objectif est de trouver des marqueurs biologiques capables de discriminer la maladie à Corps de Lewy (MCL) de la maladie d’Alzheimer (MA).
Au sein des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg (HUS), l’équipe du CM2R en étroite collaboration avec le laboratoire de biochimie et de biologie moléculaire, ont découvert que les biomarqueurs du liquide céphalorachidien (LCR) utilisés en routine pour le diagnostic de la maladie d’Alzheimer étaient très performant dans le diagnostic différentiel entre la MA et la MCL. Ces biomarqueurs étaient d’autant plus performants lorsqu’ils étaient dosés à un stade précoce de la pathologie appelé aussi stade prodromal ou stade de trouble cognitif léger, c’est-à-dire à une phase où le diagnostic différentiel entre les deux pathologies est précisément compliqué à établir (les tests neuropsychologiques et l’imagerie n’étant pas très discriminants à ce stade).
La MCL est la principale pathologie cognitive neurodégénérative de la personne âgée, après la maladie d’Alzheimer (MA). Ainsi elle représente 20% des cas de démence. Les symptômes habituels de la MCL associent des troubles cognitifs comme par exemple des troubles de la mémoire, tels que l’on peut les retrouver dans la MA, expliquant le diagnostic différentiel difficile entre ces deux pathologies. De plus, on trouve également des troubles du comportement (illusions ou hallucinations visuelles), des fluctuations attentionnelles, ainsi qu’un syndrome parkinsonien – souvent discret en début de maladie.
Au final, la MCL est nettement sous-diagnostiquée car seuls 32% des patients sont diagnostiqués de leur vivant.
Les protéines dosées en routine dans le LCR dans le but de poser un diagnostic biologique de la MA sont l’ensemble des protéines Tau présents de le LCR (Tau-total), sa forme phosphorylée sur la thréonine 181 (phosho-Tau), le peptide amyloïde Aβ42 et de manière ponctuelle en complément d’information un autre peptide amyloïde l’Aβ40. Certains ratios de protéines sont également utilisés, comme par exemple le ratio Aß42/Aß40 dans le but de mettre en évidence un éventuel dérèglement de la voie amyloïde.
Pour la première fois une étude montre qu’à un stade précoce de la MCL, les niveaux des biomarqueurs Alzheimer dans le LCR de ces patients ne sont pas perturbés, contrairement à ce qui est observé chez les patients MA.
A un stade plus avancé de MCL, on peut noter une diminution de l’Aβ42 dans le LCR, tel que décrit dans la littérature.
Nous avons également pu mettre en évidence une tendance à la diminution de l’Aβ40 au cours de la pathologie.
Ces résultats suggèrent une diminution de la charge amyloïde chez des patients MCL atteints de démence. En conséquence, le rapport Aß42/Aß40 reste inchangé entre le stade précoce et le stade de démence, contrairement à ce qui est observé dans la MA. A noter, à un stade avancé les autres biomarqueurs liés à la protéine Tau (Tau-total et phospho-Tau) ne semblent pas perturbés dans la MCL.
Le niveau de ces biomarqueurs n’avait jamais été étudié auparavant chez des patients MCL à un stade prodromal.
En conclusion, les biomarqueurs Alzheimer du LCR sont donc extrêmement utiles pour différencier les patients MA des patients MCL surtout à un stade précoce alors que le diagnostic clinique est difficile.
Ces résultats ouvrent donc de nouvelles perspectives sur l’interprétation des biomarqueurs de la MA dans la MCL notamment aux stades précoces.